Réduction des taux, financement des banques et planche à billets… A l’heure où nous écrivons ces lignes, la BCE a de nouveau pris un virage accommodant pour relancer l’inflation, pardon… soutenir la croissance. Dans quelques heures, Jerome Powell fera lui aussi son retour sur scène. Une baisse des taux directeurs est clairement anticipée outre-Atlantique par les observateurs. Une preuve supplémentaire, s’il en fallait, que de profondes transformations sont à l’œuvre dans l’univers de la gestion d’actifs. Exit les rendements obligataires sans risques… Bonjour au pilotage des différentes classes d’actifs par les banquiers centraux !

Que faut-il retenir de ce plan ?

Une politique qui vise (enfin) à s’adapter aux difficultés du secteur bancaire :

Quand le cumul des capitalisations boursières des banques européennes équivaut peu ou prou à celle de la seule JP Morgan Chase, il est peu dire que les banques du vieux continent ne trustent plus les premières places des portefeuilles depuis plusieurs années maintenant. Le débat n’est même plus de savoir quand les indices bancaires retrouveront leurs sommets de pré-crises… Mais quand quitteront-ils le fossé dans lequel les précédentes crises financières les ont fait tomber !

Largement critiquée sur ce point dans les milieux autorisés, la politique menée par la BCE a eu pour effet pervers de menacer la rentabilité des principaux acteurs du secteur. Plus qu’un nouveau virage accommodant finalement largement attendu, il est important de souligner cette première main tendue par Mario Draghi et consorts. Le taux de dépôt, abaissé à -0.50%, ne s’appliquera désormais plus à la totalité des réserves excédentaires des banques… Mais seulement aux réserves qui dépassent un seuil défini comme un multiple des réserves obligatoires. Selon les estimations, ce sont donc près de 800 Milliards d’Euros de dépôts qui échapperont à « l’impôt » de la banque centrale européenne !

Un secteur privé qui va encore plus profiter de la planche à billets :

Si le « Quantitative Easing* » ne concernait dans un premier temps que les dettes d’Etats, l’impact s’était d’ores et déjà reporté sur les conditions de financements des entreprises.

Ensuite, une interdiction d’achat de dettes privées offrant un rendement inférieur au taux de dépôt avait été mis en place… Cette barrière vient à son tour d’être levée ! De quoi ancrer un peu plus encore dans le temps la bassesse des taux d’intérêts…

Un chantier qui reste miné pour Christine Lagarde

Le mirage de la normalisation n’aura donc pas fait long feu… et l’ancienne présidente du FMI n’aura pas à subir les attentes des opérateurs à court terme. Ceci ne retire pas cependant totalement la pression qui pèsera bientôt sur les épaules de Christine Lagarde. Premier chantier en vue : gérer les divergences d’opinion importantes au sein du conseil des gouverneurs. En Europe, plusieurs banquiers centraux ont émis des critiques virulentes au sujet de la relance du QE… La suite au prochain épisode avec probablement un niveau cible d’inflation qui serait ramené à 1,5% (versus 2% actuellement).

 

* « Quantitative easing » : Le terme assouplissement quantitatif – traduction de l’anglais de Quantitative easing (QE) – désigne un type de politique monétaire dite « non conventionnelle » consistant pour une banque centrale à racheter massivement des titres de dettes aux acteurs financiers, notamment des bons du trésor ou des obligations d’entreprise.

Achevé de rédiger le 18/09/2019