Au rythme effréné où se poursuit l’escalade, une rubrique spéciale « Trump » finira par être créée dans notre fil d’actualité. Exit le Brexit ou autres résultats d’entreprises finalement bien peu commentés par les observateurs… Non, si vous voulez vous retrouver au cœur des variables influençant les mouvements de l’ensemble des classes d’actifs, c’est bien du côté de la Maison Blanche qu’il fallait, faut, et faudra tourner le regard. Les grandes sociétés de gestion de la place finiront-elles par substituer à leurs abonnements Bloomberg ou Reuters un simple compte Twitter ? Derrière cette question un brin polémiste se cache une réalité : les diatribes protectionnistes américaines continuent de constituer la principale cause des pics de volatilité que le marché a subi ces derniers mois. Seulement, derrière ces polémiques de 280 caractères maximum se cachent des conséquences économiques potentielles bien plus terre à terre. Dans une étude publiée hier, le très sérieux cabinet d’études Oxford Economics tente de mesurer l’impact de différents scénarii sur la croissance 2020. Les économistes en question ne pourront être « taxés » d’optimisme exacerbé… Dans le premier scénario, qui se limiterait à la mise en place de la dernière salve de taxes douanières US et de la riposte chinoise (60 milliards d’importations US), les conséquences apparaissent déjà substantielles : -0.3 points de PIB aux USA et dans le monde, et près de 0.8 points de PIB pour la Chine. Si tant est que cela se retrouve dans le chiffre officiel bien entendu. Des données inquiétantes mais qui paraîtront bien digestes après avoir pris connaissance des deux scénarii suivants.

Nous sommes en effet loin du scénario du pire : sûrement plus concentré sur sa tâche depuis que les pompiers de Paris n’ont plus besoin de ses conseils d’intervention, l’inénarrable Donald Trump a également menacé de taxer à 25% une nouvelle tranche de 325 milliards de Dollars d’importations chinoises. Cette fois-ci, c’est 0.5 de point de PIB de pertes que subiraient les USA et le monde… et 1.3 points pour l’empire du milieu. On pouvait jusqu’ici se demander si les économistes d’Oxford différenciaient réellement les Etats-Unis du reste du monde dans leur étude. La dernière trajectoire anticipée nous rassure… sur ce point. Il est de plus en plus envisagé, comme nous avons pu l’évoquer dans différentes communications, que candidat Trump se trouve un nouveau souffre-douleur… pardon… un cheval de bataille après la Chine. En d’autres termes, le scénario du pire est le suivant : 35% de hausses des tarifs douaniers US sur tous les produits chinois, mais également 25% sur les importations automobiles de tous les pays, 10% de taxes supplémentaires sur les importations de l’Europe, du Japon et de Taïwan ! Compte tenu de la prévision de croissance US à 1.9%, l’entrée en récession serait cette fois probable aux Etats Unis (-2.1 points de PIB aux USA) comme ailleurs (-1.5 point de PIB au japon, -1.7 points dans le monde). L’impact sur le PIB chinois serait quant à lui de 2.5 points.

Le lecteur averti n’aura pas occulté que le panel évoqué ne prend pas en compte un scénario d’accalmie. Surtout, les données chiffrées sont à prendre avec des pincettes tant les économistes ont du mal à anticiper la croissance économique dans un contexte normal. Cette lecture nous rappelle surtout que lorsque les politiques sont sur le devant de la scène, la volatilité n’est jamais très loin derrière… Ce constat est renforcé par le fait que les périodes de volatilité sont généralement plus fréquentes en fin de cycle. Les classes d’actifs n’en restent pas moins attractives à long terme. Reste à identifier et saisir les opportunités offertes par ces phases de repli pour optimiser les allocations selon les horizons de placement.