Le président américain vilipendait la Chine… après avoir mis entre parenthèse son projet de taxation des importations de véhicules étrangers. Donald Trump caviardait les grandes lignes du business modèle du mastodonte Huawei. Dans une attaque aux forts relents de campagne électorale, le personnage principal de la saga des marchés financiers menaçait par ailleurs le Mexique, ô surprise, d’une hausse des tarifs douaniers si le pays n’enrayait pas rapidement les flux migratoires.

Pas forcement rassasié, le trublion le plus puissant au monde affichait au grand jour sa romance naissante avec Theresa May et faisait dans le même temps miroiter aux britanniques un accord commercial extraordinaire en cas de « hard Brexit ». Le locataire de la maison blanche s’immisçait même un peu plus encore sur la scène politique de la perfide Albion en rencontrant les principales personnalités eurosceptiques (Nigel Farage dirigeant du Parti du Brexit, Ian Duncan Smith et autres Owen Paterson) tout en se portant volontaire pour participer au déménagement de Boris Johnson au numéro 10 (Downing Street, adresse de résidence officielle des Premiers ministres britanniques). A ce rythme, Didier Deschamps devrait bientôt recevoir des directives incisives sur la prochaine composition de l’équipe de France !

Pendant ce temps, dans les salles de marchés :
Quelques investisseurs ont rapidement détourné les yeux de leurs série favorite pour apprendre que Google, Amazon et Facebook seraient suspectés par les supers-flics de la division anti-trusts américaine de bénéficier d’une situation de quasi-monopole. Difficile à croire. A peine le regard de nouveau sur l’écran que le gentil de la série (alias le banquier central Mr Powell), qui avait déjà revêtu sa cape il y a quelques mois de ça, sous-entendait qu’il était envisageable « de prendre les mesures appropriées pour soutenir l’économie américaine si la trade War persistait ». Un air de « Whatever it takes »* raisonnait déjà dans l’esprit des opérateurs…

L’avis des critiques :
Le FMI ne semble pas aussi captivé que les grands indices boursiers de ce monde par la saga. Selon une source anonyme de l’UE, il y aurait même d’autres sujets sur la table ! Le prochain rapport sur la zone Euro que Christine Lagarde présentera devant l’Eurogroupe le 13 juin à Luxembourg devrait souligner que la croissance de la zone Euro accélèrera cette année… mais surtout que cette accélération pourrait se retrouver nettement bridée par le risque d’un Brexit sans accord le 31 octobre.

L’avis de WiseAM :
Les diatribes politiques amènent comme souvent de la volatilité sur les marchés. Une fois encore, il est prépondérant de se montrer opportuniste et sélectif, et de résister au bruit ambiant court-termiste qui voit se succéder les pics de pessimisme et d’optimisme exacerbés. Bien aidés par l’accalmie sur le dollar, les actifs émergents continuent de donner des signaux favorables. Les petites capitalisations européennes ne semblent pas avoir repris leurs places dans les allocations des investisseurs et offrent des rapports rendements/risques attractifs à long terme.

 

*« Whatever it takes », ou « quoi qu’il en coûte » en français, fait référence à une interview de Mario Draghi alors qu’il apportait un soutien total de la BCE à l’euro. Ces quelques mots avaient marqué l’entrée dans une nouvelle ère : celle du soutient indéfectible de la banque centrale face à la problématique de soutenabilité des dettes souveraines européennes qui menaçait la pérennité de la devise commune.
Crédit photo : Loco Steve