Avec un placement global et une offre à prix ouvert très largement sursouscrits, la première cotation de la Française Des Jeux a confirmé le fort engouement des investisseurs.
Cette réussite, au-delà des espérances du gouvernement, est un indicateur encourageant pour la suite des opérations envisagées. L’offre globale ressortait à 1,83 milliard d’euros (en tenant compte de l’option exercée de surallocation) et la demande a dépassé les 11,5 milliards d’euros (10 milliards en provenance des professionnels et plus de 1,5 milliard d’euros de la part des particuliers). Le gouvernement a tenu sa promesse d’une opération populaire, en privilégiant les petits ordres. Ceux inférieurs ou égaux à 2.000 € ont été intégralement servis alors que ceux se situant entre 2.000 € et 5.000 € ont été réduits de 90 % et aucun titre n’a été attribué au-delà. Cerise sur le gâteau, si ces souscripteurs conservent leurs titres un an et demi, ils recevront une action gratuite pour 10 dans 18 mois.
Ce succès s’est traduit dès la première cotation en Bourse, avec un cours d’ouverture de 23 €, soit une hausse de 18 % par rapport au prix définitif retenu. Il faut dire aussi que la « fenêtre de tir » a été bien choisie. Ces dernières semaines, la Bourse de Paris a atteint ses plus hauts niveaux depuis 2007 et le Cac 40 a progressé de plus de 20% depuis le début de l’année. L’implication du gouvernement a été très soutenu, participant pleinement à l’information des Français sur ce placement.
Par la suite, d’autres privatisations sont prévues par la loi Pacte : celle du Groupe ADP qui ne sera pas initiée tant que le résultat de la procédure en cours du référendum d’initiative partagée ne soit connu ; ainsi que celle du dossier Engie dont l’Etat détient toujours un peu plus de 23%.

La FDJ dispose d’une visibilité importante, grâce à un monopole accordé pendant 25 ans (seuls les paris sportifs en ligne restent dans le domaine concurrentiel), ce qui en fait un atout majeur pour la société et ses actionnaires. Au cours actuel, le ratio de capitalisation (PE), de l’ordre de 20 fois pour 2020, est comparable à celui de sociétés d’autres domaines (cf. concessions des autoroutes).
En ce qui concerne la croissance, sur les 20 dernières années, FDJ a enregistré un taux moyen de progression des mises de jeux de 5,2 % par an. Pour 2019, les dirigeants du groupe tablent sur une augmentation du chiffre d’affaires voisine de 7 %. Pour 2020, les mises de jeux devraient croître de 4% à 5% et pour les cinq années suivantes de 3% à 4% par an en moyenne.
Quant à la marge, le groupe prévoit que celle de 2020 sera équivalente à celle de cette année et supérieure à 20% à l’horizon 2025. Cette visibilité et la forte génération de trésorerie sont propices à une distribution importante du bénéfice (elle devrait être de l’ordre de 80 %). Ainsi, au cours actuel de 23 €, le dividende de 0,9€ qui pourrait être versé au titre de 2020 (cf. attentes des analystes), assurerait un rendement de 4 % (contre 3,25% pour le Cac 40). Ce niveau est non seulement satisfaisant dans l’absolu, mais il est aussi bien supérieur à la rentabilité de nombreux placements, étant donné les niveaux d’intérêt actuels. Néanmoins, après l’envolée des premières cotations, l’action FDJ pourrait marquer une pause, ce qui constituerait une opportunité plus « sereine » soit pour investir dans la société, soit pour s’y renforcer.

Achevé de rédiger le 25/11/2019