Enfonçons une porte ouverte ! Les comportements erratiques subis par les différentes classes d’actifs au cours des trois derniers mois ne peuvent puiser uniquement leur essence dans les fondamentaux macroéconomique ou micro. La remontée des actions peut au premier abord être lue comme une correction des craintes prétendument excessives de la fin 2018… quand les actifs refuges que constituent les obligations souveraines US ou allemandes sont à l’évidence surachetées (le ton plus accommodant des banquiers centraux ne peut selon nous justifier totalement ces mouvements). Dès lors, que nous disent les fondamentaux des entreprises, le nerf de la guerre à long terme de la variation des cours des actions ? Comment expliquer cette divergence entre le monde obligataire et le monde des actions ?

Si l’on s’intéresse au Stoxx 600, qui a offert aux investisseurs un rebond de 10.5% au 25/02 depuis le début de l’année civile, nous observons un réel décalage avec la dynamique des dernières semaines. Comme le souligne lipperalpha dans son étude mensuelle, les résultats ne sont plus attendus en progression que de 2.6% au T4 2018 par rapport au T4 2017. Il en est de même pour les attentes des trois prochains trimestres. Un résultat finalement correct nous répondra le lecteur avisé. Il l’est toutefois beaucoup moins si l’on exclut le secteur énergétique, puisque la croissance des résultats n’atteint cette fois que 0.7% ! Alors que la coutume veut habituellement que la majorité des entreprises battent les attentes des analystes, seules 48% ont cette fois réussi à le faire, alors même que les analystes avaient revu sensiblement à la baisse leurs anticipations.

La valorisation des entreprises constitue avant tout selon nous un indicateur du degré d’optimisme des intervenants. Plus les PER (cours rapporté au bénéfice net) sont élevés, et plus les opérateurs se montrent confiants quant aux perspectives de croissance des résultats. A titre d’exemple, Hermes se traite 40 fois les résultats quand les sacrifiés de l’automobile ne bénéficient pas de la même confiance (Renault 4x !). Le principal enseignement de la période actuelle est selon nous la versatilité de l’opinion dans les salles de marché dans une situation plus difficile à lire qu’à l’accoutumée. Les signaux de ralentissement se confirment, et l’Europe semble en première ligne, alors même qu’elle avait été une des dernières à prendre le train de la croissance en marche.