1/ Les lunettes de soleil des traders de court terme… trop opaques ?
Si une spéculation court-termisme (sous fond de volonté de surfer sur la vague inflationniste) a pu déclencher quelques salves d’achats ces dernières semaines sur des acteurs / supports liés à l’énergie fossile, la dynamique à long terme est évidemment tout autre… Une large majorité des investisseurs institutionnels de notre monde (loin des considérations court-termistes de certains opérateurs évoqués en préambule) opèrent ainsi depuis de longs mois une réorganisation progressive de leurs différentes allocations stratégiques… selon des critères ESG ! Comment ? En arbitrant par exemple les positions liées à ces mêmes énergies fossiles vers le renouvelable… Selon les experts du segment « énergie solaire » que sont les gestionnaires d’Active Solar, le momentum boursier (déjà phénoménal en 2020 mais plus capricieux cette année) est appelé à reprendre rapidement, et pour longtemps, ses lettres de noblesses. En cette période riche en actualités climatiques et autres sommets stratégiques, attachons-nous à en résumer les facteurs de soutien ! La COP26 fut ainsi l’occasion pour de nombreux Etats de rappeler, voire renforcer leurs engagements vers la décarbonisation. Décarbonisation qui ne peut se faire sans une intensification du recours à l’électrique… Nul doute que les investisseurs qui ont pu amener la capitalisation boursière de Tesla à dépasser celle de tous les acteurs classiques du secteur réunis valident ce point… Pour autant, il est parfois occulté par la presse généraliste que le secteur électrique doit lui aussi… être décarboné ! La première étape évidente vers de réels progrès en termes de décarbonisation passe probablement par la résolution de cette difficile équation, sans quoi un recours massif à l’énergie électrique pourrait finalement nous rapprocher bien peu de l’objectif final… Dans son bien nommé rapport « World Energy Outlook 2021 », l’Agence Internationale de l’Energie a rappelé aux observateurs l’émergence d’une nouvelle économie de l’énergie mondiale basée sur le renouvelable… Une nouvelle économie dont l’éolien, mais aussi le solaire photovoltaïque seraient deux des fers de lance. Dans chacun des scénarios élaborés par l’agence, une conclusion s’impose : les attentes de développement du solaire ont été très nettement augmentées ! Dans un scénario de long terme défendu par nombre de responsables politiques (« Net Zero Emissions by 2050 »), l’énergie solaire pourrait générer près de 20% de l’électricité mondiale dès 2030… contre seulement 3% en 2020 ! De plus, la société de gestion s’attache à démystifier une croyance communément admise : longtemps, les acteurs du secteur ont à juste titre été perçus comme des sociétés non rentables, et l’investissement s’apparentait donc à un pari sur des résultats très lointains… et donc forcément hypothétiques. Tant en terme technologique qu’industriel, celui-ci est désormais mature. Surtout, nombre d’acteurs sont désormais profitables, et le segment pourrait profiter d’une augmentation des marges bénéficiaires importante dans les trois prochaines années. 

 

2/ Plus de mauvais élèves… que de bons ?
En d’autres termes, la stratégie de décarbonisation est-elle seulement occidentale ? Il est communément admis que cette vision stratégique emporte de nombreux suffrages sur le Vieux Continent. L’Union Européenne a ainsi la volonté affichée de réduire ses émissions de CO2 de… 55% d’ici 2030 par rapport au niveau de 1990 ! Comme nous l’avions évoqué à l’heure de détailler le plan de relance européen, 300 milliards d’euros ont été budgétés pour favoriser la transition énergétique… L’évolution stratégique fut, bien que plus récemment, également majeure sur ce point outre Atlantique. « Build Back Better ». Derrière cette loi au nom de blockbuster hollywoodien se cache tout un pan du plan bipartisan de 1 750 milliards de dollars… Ainsi, 430 milliards de dollars de ce même plan pourraient, en cas de ratification par le Congrès, rapidement être consacrés aux énergies propres ! Après ses derniers échecs électoraux, qui n’augurent rien de bon pour les élections de « mid term », Biden met la pression sur le Sénat et la Chambre des Représentants pour un vote rapide de ses deux plans… La loi « Build Back Better » et le second plan d’infrastructure bipartisan sont actuellement en négociation au Congrès et pourraient être adoptés dans les prochaines semaines.
Puisque pénalisé à court terme par d’importantes pénuries énergétiques, les observateurs ont pu jeter l’opprobre sur la volonté de l’Empire du Milieu de participer au mouvement. Il est vrai que la réouverture des centrales à charbon ne témoigne en apparence pas d’une réelle volonté de contribuer à la décarbonisation. Cette stratégie indispensable pour la Chine à court terme ne remet pourtant pas en cause la vision défendue par Xi Jinping à long terme. Les plus sceptiques peuvent ainsi s’intéresser au phénoménal projet annoncé par l’inénarrable Président Xi Jinping dans le désert de Gobi… Rappelons également que le « State Council » a publié un plan d’action visant à atteindre le pic des émissions de carbone avant 2030. Pour l’Empire du Milieu, l’objectif ambitieux est d’atteindre la neutralité carbone en 2060. Ainsi, le plan à 5 ans 2021-2025 devrait voir les objectifs renouvelables largement revus à la hausse. L’Empire pourrait installer en moyenne 80 GW de solaire par an dans les cinq prochaines années selon les gérants d’Active Solar… Plus globalement, l’ensemble des pays industrialisés se sont engagés à décarboner leur économie dans les 30 prochaines années… Scénario qui va évidemment de pair avec une croissance massive des installations solaires !

 

3/ Pendant ce temps, du côté des banquiers centraux…
Voici les investisseurs rassurés par la stratégie du FOMC ! A l’occasion de sa dernière réunion, la Réserve fédérale américaine est venue officialiser ce que tout le monde attendait dans les salles de marché : le début de la réduction, progressive, de ses achats d’actifs. Ce que les opérateurs les plus prudents pouvaient craindre était ailleurs : une remontée des taux anticipée sur fond de dérapage inflationniste. Jerome Powell est donc venu rappeler que, si la trajectoire de reprise se poursuivait, la santé (désormais cruciale dans la définition de la stratégie monétaire) de l’emploi américain n’était toujours pas rétablie… et qu’en ce sens, la hausse des taux ne pourrait se faire qu’en fin d’année prochaine (dans le scénario d’un plein emploi atteint lors du second semestre 2022). Plus globalement, un scénario global semble gagner chaque semaine un peu plus en épaisseur, surtout si l’on tient compte également des propos de Christine Lagarde de la semaine passée… Ce même scénario appelé « Nouveau régime nominal » par la société de gestion Blackrock, qui suppose que les banquiers centraux soient prêts à accepter temporairement une inflation supérieure aux standards pré-Covid… De nouveaux standards qui iraient de pair avec des conditions de financement favorables (taux réels négatifs ou du moins toujours bas). Si le contexte actuel devait perdurer, les actifs typés « croissance » pourraient continuer de retrouver les faveurs des investisseurs. A l’heure où les craintes inflationnistes sont sur toutes les lèvres, rappelons également qu’il n’est finalement pas si surprenant que cette inflation ne dérange pas tant que ça les acteurs les plus endettés (effacement indirect de la dette) que sont notamment les Etats…

 

Sources : WiseAM, AMF, France Info, Le Monde, Les Echos, IEA, Active Niche Funds, Challenges, Le Point, French People CN, Chine Magazine, Les Echos Investir, Agefi Actifs, Fipeco
Crédits images : Gettyimages
Achevé de rédiger le 04/11/2021