1/ Les investisseurs plient-ils les voiles ?
Australie, Espagne, Portugal… Après l’ère de la « réouverture », les bourses mondiales semblent cette semaine souffrir de mauvaises nouvelles sur le front sanitaire. Après le prolongement du confinement à Sydney, l’Espagne a contribué à inquiéter davantage les observateurs en fermant les discothèques en Catalogne. Ce matin, l’Etat français est venu par la voix du secrétaire d’Etat aux Affaires européennes renforcer les craintes ambiantes en déconseillant aux Français de partir en Espagne ou au Portugal… Si ce contexte semble nourrir un regain d’aversion au risque pour les investisseurs, il convient de commenter les mouvements récents en relatif au parcours qui l’a précédé : après une fièvre acheteuse évidente sur les valeurs les plus cycliques depuis l’annonce des vaccins en septembre dernier, les opérateurs étaient probablement en quête d’un prétexte aux prises de bénéfices. La propagation rapide du variant Delta leur en ont offert un sur un plateau ! Bien sûr, le risque sanitaire n’appartient pas encore à l’histoire ancienne (notamment dans une partie du monde émergent). Pour autant, il paraît prématuré compte tenu des données à disposition (cf. Israël) d’anticiper un retour au confinement strict d’un grand pays… Il est donc tout autant prématuré de craindre un coup d’arrêt à la reprise d’activité ! Véritable juge de paix afin d’éviter une nouvelle vague épidémique dans les pays développés dans les prochains mois, la vaccination à deux doses va continuer d’accélérer pendant la période estivale… Le facteur de stress ne semble en tout cas plus se porter sur l’orientation à la hausse des taux souverains ! Une fois encore, une prise de hauteur est nécessaire face aux éditoriaux financiers un brin alarmiste : il apparaît logique que la phase de hausse des actifs risqués que nous vivons depuis plusieurs mois soit momentanément interrompue par de brefs épisodes correctifs… à plus forte raison alors que la période estivale s’accompagne d’une baisse des volumes d’échanges sur les différentes bourses mondiales !

 

2/ La Fed toujours aussi psychologue
Toujours très attendues, les minutes de politique monétaire de juin ont été publiées cette semaine ! Qu’en retenir ? La majorité des membres de l’institution a continué de dresser un constat optimiste de la conjoncture économique… Le rebond de la croissance (mais aussi de l’inflation) dépassant leurs attentes. Certains membres ont toutefois alerté sur la difficulté d’interprétation des indicateurs économiques habituels compte tenu du caractère unique de la période que nous vivons (effets de la réouverture, goulots d’étranglements dans les chaînes de production, plans d’aides aux ménages). Bonne nouvelle pour les investisseurs, l’heure ne semble donc pas être venue d’ajuster la politique monétaire ! Bien sûr, ces mêmes membres restent conscients des risques à la hausse sur l’inflation, mais maintiennent leurs anticipations d’un phénomène transitoire. La Fed anticipe ainsi une lente rechute dès cet été. « Jackson Hole » sera donc sans nul doute l’événement le plus attendu de l’été pour les observateurs

 

3/ Pendant ce temps, sur le Vieux Continent…
L’assouplissement des mesures de confinement, en dépit des craintes court-termistes évoquées précédemment, a nettement contribué à améliorer les perspectives de l’économie européenne. Les prévisions d’été de la Commission Européenne ont été revues nettement à la hausse. Nettement à la hausse serait-on même tenté de dire, puisque les perspectives de croissance pour 2021 ont été ramenées à +4.8% contre 4.3% lors de la dernière anticipation. Le niveau du PIB au T4 2019 serait donc retrouvé dès le T4 2021… soit un trimestre plus tôt que les analystes ne l’anticipaient encore au printemps. Seuls les pays du Sud (Espagne, Italie, Portugal) devraient attendre davantage pour pouvoir festoyer autour de ce rebond d’activité. Notons par ailleurs que cette amélioration est également due à une contraction du PIB au premier trimestre de l’année qui s’est finalement avérée moins marquée qu’anticipé précédemment. Un contexte qui semble entretenir l’optimisme des consommateurs et entreprises, puisque les enquêtes d’opinion réalisées traduisent un optimisme certain. La consommation pourrait quant à elle continuer de profiter de l’orientation à la hausse des données de mobilité. Gageons que les analystes suivront ces prochaines semaines de près l’activité touristique pour enrichir un peu plus ces anticipations optimistes. Le niveau de réservation de nuitées s’affiche pour le moment à 79% de son niveau de 2019, en dépit d’un trafic aérien potentiellement toujours en berne (en retrait de 40% en mai par rapport à son niveau de 2019).

 

4/ La locomotive française !
Le constat européen dressé dans les lignes précédentes prévaut également pour l’Hexagone ! Quelques heures après les révisions haussières de la commission européenne, la Banque de France est venue ajouter de l’eau au moulin des optimistes : l’institution affiche une confiance certaine quant au rythme de la reprise. Le mois dernier a ainsi été marqué par la poursuite de l’allégement des contraintes sanitaires… Phénomène soutenant une reprise plus soutenue que prévu, à la faveur du fort rebond dans les services que nous évoquions déjà la semaine passée. La Banque de France, qui estimait encore en mai que l’activité de juin aurait dû évoluer 4% en deçà de ses niveaux pré-crise vient finalement de diviser par deux cette estimation ! En d’autres termes, la banque centrale française estime désormais que l’activité se situait en juin 2% en dessous de son niveau d’avant-crise.

 

Sources : WiseAM, RTL, L’Express, Le Monde, Zone Bourse, i24 News, Boursorama, BFM Business, Europe 1
Crédits images : Gettyimages
Achevé de rédiger le 08/07/2021