1/ La difficile résolution de la crise énergétique…
Alors que les observateurs se concentrent avant tout sur l’hiver prochain, la crise énergétique pourrait bien durer un peu plus longtemps encore (jusqu’au printemps 2024 ?). Selon Stifel, les investisseurs devraient même encore davantage s’inquiéter pour l’hiver 2023-2024 que pour le prochain. Y a-t-il une « lumière au bout du tunnel » ? Probablement… mais davantage à horizon 2025 (nouveaux projets GNL qui seront mis en service cette année-là). Comme évoqué en préambule, la fermeture de NordStream1 est susceptible d’engendrer des pannes… d’électricité ! Une réduction de 15% de la consommation de gaz dans l’UE ne serait potentiellement pas suffisante pour stabiliser le marché du gaz… Pour atteindre 20% à 25% de réduction, un rationnement semble s’imposer… Le désavantage compétitif de l’Europe par rapport aux Etats-Unis en matière de coûts énergétiques devrait perdurer… Les Etats européens poursuivent donc leur difficile quête de réponse commune à la crise énergétique en cours. Un mécanisme de plafonnement des profits des entreprises énergétiques produisant de l’électricité pourrait même être mis en place par la Commission européenne, signe de l’urgence de la situation actuelle. A suivre…

 

2/ Quand Powell inspire Lagarde…
Pas de surprise à Francfort ! Alors que l’inflation reste la préoccupation principale des banquiers centraux, la BCE est venue confirmer les attentes des économistes lors de la réunion de cette semaine. La divergence de stratégie avec la Fed a donc fait long feu : l’institution européenne cherche elle aussi à transmettre un signal fort dans sa volonté de lutter contre la spirale inflationniste. Pour la même efficacité ? Si le rythme du durcissement monétaire va donc nettement s’intensifier (relèvement des trois taux directeurs de 75bp, soit la plus grosse hausse de l’histoire de la Banque centrale), la marge de manœuvre de la BCE reste potentiellement bien plus restreinte que celle de son homologue américaine (inflation importée, moindre résilience du cycle économique et retard dans la normalisation). Ce matin, les taux de la BCE atteignent ainsi leurs plus hauts niveaux depuis 10 ans : 0,75% pour les dépôts, 1,25% pour les refinancements et 1,5% pour les prêts. Dans un discours pour le moins ressemblant à celui tenu par Jerome Powell lors du symposium de Jackson Hole, Christine Lagarde a donc confirmé le virage restrictif de la BCE. Si l’objectif affiché est de réduire l’offre de liquidités pour calmer l’envolée des prix, le choc énergétique en cours risque toujours de complexifier la transmission de la politique monétaire… les hausses de taux n’offrant aucune garantie de baisse des prix de l’énergie, principaux contributeurs de l’inflation européenne. Surtout, les perspectives de croissance dégradées compliquent toujours autant la prise de décision lors des prochaines réunions. Puissent les prix de l’énergie se détendre d’ici les prochaines semaines.
Si la réunion de la Banque centrale européenne n’a finalement pas surpris tant que ça les attentes, la réaction des marchés est finalement bien plus intéressante à commenter puisque ceux-ci… ont semblé rassurés par le virage restrictif pris par les banquiers centraux ! Christine Lagarde n’était en effet pas seule sur le pont hier, et Jerome Powell est venu répéter ce qu’il avait dit à Jackson Hole. Mêmes mots, effets différents donc, puisque les principaux indices se sont offert un rebond sur ce qui les avaient fait chuter fin août.

 

3/ Pendant ce temps, outre-Atlantique…
L’indice ISM des services est venu s’ajouter à la liste des indicateurs qui témoignent de la bonne santé de l’économie outre-Atlantique… en dépit d’une inflation toujours élevée et de l’accélération du durcissement monétaire (hausse des taux d’intérêts). Largement au-dessus du seuil fatidique des 50, le rapport traduit un développement à un rythme soutenu de l’activité. Contrairement à la BCE (et le défi cornélien auquel elle fait face), la Fed reste installée dans un fauteuil plutôt confortable. Le contexte ci-dessus permet en effet à l’institution de relever plus facilement ses taux pour lutter contre l’inflation.
Toujours selon le rapport, seuls deux secteurs ont signalé une contraction (agriculture, foresterie, pêche et chasse ; et arts, spectacles et loisirs) quand quatorze s’affichent en expansion ! La demande dans les services reste donc soutenue et l’activité commerciale au beau fixe ! L’indice de l’emploi s’est également amélioré. La publication du rapport mensuel sur l’emploi suggérant un ralentissement du marché du travail aux Etats-Unis a redonné du baume au cœur des investisseurs qui espèrent que la Fed n’aura pas besoin de procéder à un troisième tour de vis de 75 points de base à la fin du mois afin de calmer les pressions inflationnistes. Le marché du travail reste solide, sans être trop dynamique, ce qui correspond à un scénario d’un potentiel atterrissage en douceur de l’économie américaine…

 

Sources : WiseAM, BFM TV, Le Monde, Zone Bourse, Usine Nouvelle, La Tribune, Sud Ouest, Bourse Direct, Investing
Crédits images : Gettyimages
Achevé de rédiger le 09/09/2022