1/ Après la pénurie des semi-conducteurs… la pénurie des travailleurs ?
266 000 emplois créés en avril alors que les analystes en prévoyaient 1 million… Très attendus en fin de semaine dernière par les opérateurs, les chiffres de l’emploi américains ont nettement déçu les observateurs. Les analystes qui anticipaient un mois encore meilleur que celui du mois de mars (770 000 emplois créés) en ont eu pour leur frais. Faut-il dès lors s’inquiéter d’un éventuel essoufflement de la reprise US ? La réalité est probablement ailleurs. Il peut être utile de rappeler en préambule que le « Bureau of Labor Statistics » est coutumier des révisions à posteriori… et donc qu’il est urgent d’attendre le mois prochain avant de tirer des conclusions hâtives sur les données publiées vendredi dernier. Nous pouvons surtout noter que l’offre rencontre quelques difficultés à suivre la dynamique de la demande !

 

Ainsi, il apparaît que nombre de salariés potentiels rencontrent des difficultés à revenir sur le marché du travail (écoles toujours fermées, craintes sanitaires). La « pénurie » de salariés peut également s’expliquer par des prises de retraites anticipées sous l’effet de l’arrêt de l’économie US en 2020, comme en témoigne la baisse du taux de participation (cet élément est derrière près de la moitié de la baisse du taux de participation, alors que le nombre de personnes inactives reste stable). Le secteur des services est clairement le plus touché par le phénomène de pénurie : nombre de travailleurs auraient quitté définitivement des secteurs comme la restauration après avoir réorienté leur carrière lors de la crise sanitaire. Dans le même temps, les ouvertures de postes accélèrent très fortement pour le secteur… Comme un symbole parfait du décalage de dynamique entre offre et demande, évoqué en préambule. Certaines sociétés de loisirs peinent d’ailleurs pour le moment à répercuter sur la clientèle la hausse de leur charge salariale. Les entreprises vont-elles être contraintes d’augmenter leur politique de rémunération pour renforcer l’attractivité des postes ouverts ? La part des PME indiquant qu’elles ne parvenaient plus à recruter a atteint un plus haut depuis que cette donnée est compilée par l’indicateur de confiance des dirigeants de PME NFIB… créé en 1975 ! Le locataire de la Maison Blanche a donc souhaité que la condition de recherche d’emploi soit rétablie pour le versement des allocations chômage (une trentaine d’états ont d’ores et déjà opéré le retour de cette mesure mis entre parenthèse pendant le Covid-19). A suivre…

 

2/ Une saison des résultats US sous les meilleurs auspices !
Alors qu’une grande majorité des 500 entreprises de l’indice S&P500 ont d’ores et déjà publié leurs résultats, un premier constat s’impose : près de 90% d’entre elles ont dépassé les estimations de bénéfices, déjà optimistes, des analystes ! A titre de comparaison, cette proportion n’était que de 71% l’année dernière. De telles nouvelles ont d’ailleurs nourri l’euphorie durant le mois d’avril. Si la presse a largement couvert les excellents résultats d’Alphabet, la maison mère de Google, une analyse plus poussée du secteur de la technologie permet de constater que les fondamentaux des entreprises sont solides. Ainsi, ce segment affiche les meilleurs chiffres de croissance parmi l’ensemble des secteurs de l’indice MSCI World, avec une moyenne de plus de 10% par an sur les cinq dernières années ! De plus, les perspectives restent très prometteuses car de nombreuses industries reposent désormais sur les multiples produits et services issus de la « tech »… si bien que les dépenses liées aux investissements dans les technologies sont attendues en forte hausse tout au long de l’année 2021… de quoi poursuivre sur une dynamique favorable pendant encore un bon moment !

 

3/ La percée confirmée des indépendantistes
Comme nous l’évoquions la semaine passée, les résultats des élections locales sont venus confirmer la percée des indépendantistes écossais. Le parti Scottish National Party de la Première Ministre Nicola Surgeon voit sa position confortée en gagnant un siège. Et la majorité pro-indépendance est désormais atteinte à la faveur du nombre de sièges des verts. Nicola Surgeon s’est donc empressé d’afficher haut et fort sa volonté d’organiser un referendum sur l’indépendance de l’Ecosse ! Rappelons toutefois que selon le Scotland Act de 1998, Londres reste maître sur la possibilité d’organiser un referendum sur la question de l’indépendance. Nul doute que Boris Johnson devrait refuser de se lancer dans ce périlleux exercice politique… qui serait de plus susceptible de réveiller les velléités, elles aussi indépendantistes, des nord-Irlandais en faveur de la réunification de l’Irlande. Si la Livre Sterling est actuellement soutenue par la bonne dynamique de campagne vaccinale, celle-ci devrait continuer ensuite de fluctuer en fonction des tensions politiques des prochains mois.

 

4/ L’enquête de conjoncture de la Banque de France
La publication lundi dernier du point de conjoncture de la banque centrale de l’Hexagone à début mai 2021 permet de tirer un bilan macroéconomique du dernier confinement. Alors que de nouvelles mesures de restrictions sanitaires avaient été décidées en avril, l’activité a réussi à maintenir son niveau global (avec certaines disparités selon les secteurs : baisse d’activité dans les services, bonne tenue du bâtiment et de l’industrie). La Banque de France estime ainsi que le niveau d’activité n’était inférieur que de 6% en avril 2021 par rapport aux niveaux d’avant crise du Covid-19 (janvier 2020). Avec les mesures de déconfinement qui commencent à être implémentées sur tout le territoire, l’enquête réalisée auprès de 8 500 entreprises permet d’anticiper un rebond global de l’activité, bien que peu marqué dans un premier temps (en raison du caractère progressif de la levée des mesures sanitaires).

 

Sources : WiseAM, Yahoo Finance, Les Echos Investir, U.S. Bureau Labor of Statistics, Wikipédia, Le Figaro, La Tribune, RFI, Europe 1, Le Monde, Banque de France, L’Opinion
Crédits images : Gettyimages
Achevé de rédiger le 12/05/2021