1/ L’Empire du Milieu ouvre le robinet à liquidités
En réduisant cette semaine ses taux directeurs, la Chine a confirmé le virage accommodant que certains observateurs anticipaient, confirmant donc les deux dynamiques monétaires bien distinctes qui se dessinent désormais entre les Etats-Unis et son meilleur ennemi. Un virage important puisque cette double détente marque une inflexion claire avec la politique des 20 derniers mois… Par la voix de son vice-gouverneur Liu Guoqiang, l’Institution a ainsi déclaré que la Banque centrale inciterait fortement les institutions financières à élargir leurs émissions de crédit cette année… D’autres outils seraient par ailleurs envisagés pour assurer une liquidité abondante du marché. Il parait de plus en plus probable que la PBOC n’en soit qu’au début de sa politique de soutien, et de nouvelles réductions des taux directeurs semblent désormais envisageables dans les prochains mois. Signe de plus que la volonté politique penche clairement en faveur d’une relance de la dynamique de croissance (tout en assurant une stabilité d’un secteur immobilier chahuté) … à quelques mois de la tenue du XX Congrès du Parti communiste chinois (PCC), qui se tiendra à l’automne 2022. Une échéance cruciale pour Xi Jinping…
Puisqu’une bonne nouvelle n’arrive jamais seule, les données du PIB du quatrième trimestre publiées en début de semaine ont déjà traduit un rebond de l’activité à 1,6% en rythme trimestriel, contre 0,7% sur la période précédente. Un rebond notamment porté par un regain d’activité industrielle (amélioration des contraintes pesant sur la production). Si la dynamique semble donc plutôt favorable sur ce point (+4,3% sur un an pour l’activité industrielle, +12% sur deux ans), les données liées à la consommation expliquent davantage la volonté du pouvoir chinois d’intensifier son soutien. Celle-ci reste en effet pénalisée par les restrictions sanitaires, qui pourraient être assouplies après les Jeux Olympiques d’Hiver qui débuteront le mois prochain…

 

2/ Joe le lanceur d’alerte
Empêtré sur de nombreux sujets intérieurs bien complexes (perte de popularité avant les élections de « mid term », plan de relance en infrastructure « Build Back Better » qui pourrait être morcelé), le président américain va-t-il pouvoir compter sur la géopolitique pour regagner en crédibilité ? Le locataire de la Maison Blanche a, en tout état de cause, su capter son auditoire en déclarant s’attendre… à une invasion prochaine de l’Ukraine par la Russie. Il faut dire que la cyberattaque subie la semaine dernière par les systèmes informatiques du gouvernement ukrainien corrobore en effet la perspective d’une opération dirigée par Moscou. Il a donc menacé Moscou de représailles fortes, telles que l’interdiction pour les entreprises de recourir au dollar… Un risque politique à surveiller pour les investisseurs, surtout en période de tensions déjà existantes sur le prix des matières premières ! Le président américain ne s’est pourtant pas contenté de sortir le bâton… puisqu’il s’est également déclaré ouvert à l’idée de participer à un nouveau sommet avec Vladimir Poutine ! Faut-il s’attendre à un dénouement rapide pour autant ? Alors que l’Europe reste très dépendante énergétiquement de la Russie, la position des pays du Vieux Continent est à suivre pour mesurer le soutien aux déclarations de Joe Biden. Le président Macron a d’ailleurs évoqué ce sujet lors de son discours prononcé ce mercredi devant les eurodéputés à Strasbourg, rappelant notamment la nécessité d’une union forte (réarmement stratégique de l’Europe) bâtie autour d’un « nouvel ordre de sécurité et de stabilité ».

 

3/ Christine Lagarde se veut rassurante sur l’inflation
Très attendue, Christine Lagarde est intervenue ce jour en déclarant que la hausse de l’inflation constatée en décembre (5% en glissement annuel) provient de ces hausses de prix sur l’énergie. La présidente de la Banque Centrale Européenne reste cependant confiante dans sa politique, et rappelle que les taux élevés d’inflation devraient se stabiliser dans le courant de l’année 2022. Une hausse des taux directeurs telle que celle prévue aux Etats-Unis aurait, selon elle, des conséquences néfastes en Europe, et représenterait « un frein à la croissance ». Christine Lagarde estime notamment qu’une normalisation anticipée en Europe serait une réponse de court terme face à l’inflation… et dont les effets bénéfiques seraient aussitôt contrebalancés par un ralentissement de la reprise économique. Une hausse des taux directeurs serait en effet difficile à supporter pour nombre d’agents économiques européens, à commencer par les Etats eux-mêmes : le gouverneur de la Banque de France François Villeroy de Galhau a ainsi rappelé qu’une hausse de 1 point des taux directeurs couterait 39 milliards d’euros par an à la France…

 

Sources : WiseAM, Bourse Direct, Boursorama, Les Echos Investir, Le Monde, BFM TV, Le Figaro, France Inter
Crédits images : Gettyimages
Achevé de rédiger le 20/01/2022