1/ Les valeurs bancaires toujours sous le feu des projecteurs…
Largement plébiscitées ces derniers mois, car considérées comme les principales bénéficiaires de la remontée des taux d’intérêt, les valeurs bancaires du Vieux Continent viennent de vivre une quinzaine pour le moins agitée… qui aura vu certaines d’entre elles subir des salves de ventes massives, puis un rebond significatif à la faveur des évènements les plus récents. Si la presse généraliste a fait grand bruit de la volatilité de ces titres sur les marchés actions, la véritable “action” s’est bien davantage jouée sur le marché obligataire.
Les conditions du rachat de la banque helvétique Crédit Suisse par sa concurrente UBS (et surtout les termes de l’intervention de la Banque Nationale Suisse) ont défrayé la chronique et complètement chamboulé le schéma classique d’une faillite d’entreprise. Là où le gros de la perte en capital aurait dû être assumé par les détenteurs d’actions dans un premier temps, ce sont bien les détenteurs d’obligations dites « AT1 », ou « CoCo » (pour désigner des obligations convertibles*), qui ont subi des pertes totales… tandis que les actionnaires se voyaient racheter leurs actions par UBS (certes avec une très forte décote)…
Pourtant, le porteur d’obligations bancaires s’expose à un moindre risque que l’actionnaire. Pourquoi avons-nous assisté à cette “inversion des valeurs” ?
Il n’en fallait pas moins pour que les observateurs, au premier rang duquel les détenteurs de ces fameuses « AT1 » ne redoutent un scénario identique en cas de faillite d’une banque européenne. Heureusement, la BCE a rapidement calmé les esprits en rappelant qu’un tel schéma était impossible en zone euro… Les investisseurs, rassurés que cette gestion de crise ô combien singulière ne puisse faire jurisprudence ont pu donc se repositionner sur les actifs qu’ils venaient de sanctionner…

*Obligations « AT1 » : il s’agit d’obligations à maturité fixe ou perpétuelle qui peuvent absorber certaines pertes ou être converties en capitaux propres (actions) lorsque le niveau de capital de l’émetteur descend en dessous d’un seuil prédéfini. Dans le cadre des obligations « AT1 » du Crédit Suisse, une dépréciation massive du bilan de la banque était contractuellement susceptible de déclencher la conversion de ces obligations en actions.

 

2/… et la BNS sur le banc des accusés !
La Banque Nationale Suisse ne s’est pas fait que des amis cette semaine dans le monde de l’investissement. Dans les premières heures de cette semaine si agitée, une question s’est rapidement répandue dans les salles de marché : mais pourquoi diantre nos amis helvètes ont-ils géré cette crise de cette manière, et même voté une loi en urgence pour ce faire ? Il faut considérer que c’est une BNS affaiblie qui a dû porter au secours au Crédit Suisse. Si la taille du bilan des banques centrales européennes ou américaines fait d’ordinaire couler bien plus d’encre, la Banque Nationale Suisse a de son côté bien plus subi la conjoncture récente que ses homologues. La BNS a ainsi perdu 132,5 milliards de francs en 2022 selon Les Echos… un record peu enviable qui représenterait 17% du Produit Intérieur Brut du pays ! Comment a-t-elle pu enregistrer de telles pertes ? Tout simplement car la banque centrale “de la semaine” dispose de réserves considérables investies sur les marchés obligataires internationaux ! Elle a donc pris de plein fouet la hausse des taux de 2022. Aurait-elle géré la situation différemment sans ces résultats défavorables ? Impossible de le certifier sans être dans le secret des dieux, mais cela a probablement limité sa marge de manœuvre à l’heure de soutenir (en l’abreuvant de liquidités) son secteur bancaire…

 

3/ Pendant ce temps, outre-Atlantique…
Crédit Suisse aura au moins réussi un authentique exploit : reléguer en 2023 la banque centrale américaine et son combat contre l’inflation au second rang de l’actualité financière (et au 3ème point de ce billet hebdomadaire !). La Fed a bien relevé ses taux directeurs de 25bps (ne pas le faire aurait probablement traduit un sentiment de panique)… Un scénario en ligne avec les attentes du marché. Insistant une nouvelle fois sur le fait que l’inflation était la priorité de la Fed, Jerome Powell a surtout confirmé ne pas anticiper de baisse des taux cette année… mais aussi que de nouvelles hausses étaient encore sur la table en fonction de l’évolution de la situation. Le diable est dans les détails, et cette flexibilité nouvelle a plutôt été perçue comme une communication plutôt accommodante… La crise de liquidité du secteur bancaire contribue fortement au ralentissement économique et devrait favoriser la décélération de l’inflation recherchée par la Réserve fédérale. Sur les deux dernières semaines, les taux 10 ans US sont repliés de 70 points de base pour redescendre autour de 3,5%…
Janet Yellen a volé à son tour la vedette à Jerome Powell, puisque c’est bien elle qui aura dicté la tendance de la séance de mercredi ! La patronne du Trésor américain a en effet expliqué que les autorités se refusaient à apporter une garantie globale sur les dépôts en réponse à la crise bancaire qui secoue actuellement les marchés… Une prise de position qui vient à contre-courant des annonces des jours précédents, mais qui pourrait également être démentie afin de rassurer les déposants (particuliers comme institutionnels) sur la pérennité de leurs avoirs bancaires.

 

Sources : WiseAM
Crédits images : Gettyimages
Achevé de rédiger le 24/03/2023

 

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