1/L’OCDE nous livre ses perspectives…
 
Comme certains observateurs ont pu rapidement le pressentir après l’invasion de l’Ukraine, l’économie mondiale devrait payer un lourd tribut à la suite de cette guerre : croissance plus faible, inflation plus forte et perturbations supplémentaires des chaines d’approvisionnement… Sans grande surprise, L’OCDE a révisé à la baisse ses prévisions de croissance de 4,5% (anticipations de décembre) à 3%… Tout en doublant sa prévision d’inflation à 9% pour 38 des pays membres !  Toujours selon l’institution, le prix de la guerre pourrait encore augmenter (coupure brutale de l’approvisionnement énergetique russe en Europe, vulnérabilité sur les marchés financiers dues à une dette élevée). Le diagnostic de la Banque Mondiale s’inscrit peu ou prou dans la même lignée : la tendance est à une révision à la baisse marquée des perspectives de croissance pour 2022 (-1,7 point par rapport au scénario livré en janvier 2022 pour la zone euro et -1,2 point pour les Etats-Unis). Le constat posé par ces ceux institutions renforce le scénario déjà consensuel d’une stagflation pour un certain nombre d’économies.
Alors que les principales banques centrales (hors Chine) ne peuvent cette fois soutenir la croissance comme elles ont pu le faire lors des derniers ralentissements, l’OCDE s’inquiète pour la résilience des économies… Dans ce contexte, certains actifs typés « croissance », donc susceptibles de croitre indépendamment du cycle économique, pourraient retrouver les faveurs des investisseurs ces prochains mois.
 
2/ La transition énergétique européenne à l’épreuve du feu
 
« Plus grand paquet législatif au sein de l’UE depuis la création du marché unique et de l’Euro » « Big bang réglementaire », … Les superlatifs et autres effets d’annonce étaient de sortie dans la presse pour annoncer le programme qui devait être débattu au Parlement européen de ce mercredi. La volonté politique d’accélérer en urgence la transition énergétique semblait en effet bénéficier d’un large consensus politique sur le vieux continent. Nul ne pouvait pour autant ignorer la lourdeur administrative dont souffre parfois la zone Euro à l’heure d’opérer des réformes… le programme climatique « Fit for 55 », dont l’ambition affichée est de réduire les gaz à effet de serre de la zone de 55% à horizon 2030, allait il souffrir des mêmes lenteurs à l’heure de se concrétiser ? Alors que les déclarations d’intentions se sont multipliées ces dernières semaines de part et d’autre de l’Europe, les objectifs climatiques de l’Union européenne devaient être ratifiés ce mercredi. Concrètement, 8 des 14 textes de « Fit for 55 » devaient être validés par Strasbourg. Interdiction de la vente de véhicules thermiques neufs d’ici 2035, mécanisme d’ajustement carbone aux frontières, élargissement du marché carbone, suppression des quotas gratuits… Les nombreuses tractations entre les parties impliquées, largement relayées ces dernières semaines par la presse, témoignaient en amont de la difficulté potentielle de l’exercice. Finalement, l’incapacité à s’accorder sur la fin des quotas gratuits aura jeté un froid
Le volet le plus important, à savoir celui visant à accélérer le déploiement des énergies renouvelables en Europe, devrait quant à lui être voté à la rentrée. Le programme des prochaines réunions n’en sera que plus chargé puisqu’il faudra également revenir sur les points qui ont achoppé cette semaine. Gageons que les impacts de la guerre en Ukraine sur le mix énergétique contribueront in fine à dessiner une issue positive. Rappelons que Bruxelles a affiché sa volonté que le texte final soit conclu d’ici la fin de l’année. A suivre…
 
3/La délicate posture de la BCE

Alors que les taux souverains de l’Euroland continuent leur ascension, les investisseurs attendaient fébrilement la conférence prévue ce jeudi de la banque centrale européenne. Au-delà de la remontée des taux et du virage restrictif largement anticipée par les analystes (Le Conseil des gouverneurs a annoncé jeudi qu’il mettrait fin le 1er juillet à son programme d’achats d’actifs (APP) et qu’il commencerait à relever les taux d’intérêt directeurs le 21 juillet), l’institution était surtout attendue sur sa capacité à juguler l’écartement des « spreads » (comprendre la différence de taux de financement entre des pays lourdement endettés comme l’Italie et l’émetteur considéré comme le plus sûr de la zone comme l’Allemagne). Par la voix de sa présidente Christine Lagarde, la BCE a annoncé sa volonté d’ajuster ses instruments actuels, voire d’en créer de nouveau, en cas de fragmentation des marchés obligataires de la zone. En observant la réaction du taux à 10 ans de l’Italie, passé de près de 3.40 à 3.70 lors de la conférence, les opérateurs attendent davantage d’éléments concrets pour jauger la capacité de la banque centrale à ménager la chèvre (normaliser sa politique monétaire) et le choux (ne pas perdre le contrôle des taux souverains).

 

Sources :  OCDE, Banque Mondiale, l’Express, Le figaro, 20 minutes, La tribune, Bloomberg WiseAM

Achevé de rédiger le 09/06/2022