1/ L’Allemagne met le paquet
Comme nous avons pu l’évoquer au cours des dernières semaines, les conséquences de la situation géopolitique actuelle sont légion. La volonté européenne de se sevrer du gaz et pétrole russes est notamment susceptible d’accélérer la transition énergétique… et il paraît en ce sens probable de voir les mesures politiques se multiplier dans un avenir proche. L’Allemagne, dont la Russie est le principal pourvoyeur d’énergie, compte évidemment parmi les plus concernés par cet enjeu stratégique. Rappelons qu’il y a quelques mois de ça seulement, le ministre allemand de l’Economie et du Climat, Robert Habeck, prévenait son auditoire que le pays raterait ses objectifs de réduction de gaz à effet de serre de 2021 à 2023. Un autre temps… La guerre en Ukraine est depuis passée par là, et « la souveraineté énergétique est devenue une question de sécurité nationale et européenne » selon ce même M. Habeck ! Un virage à 180° somme toute logique et qui devrait faire des émules sur le reste du continent. Le ministre vient en effet de présenter mercredi un premier volet, adopté en conseil de ministres, pour le moins volumineux (600 pages et 5 lois modifiées !) répondant au doux nom de « paquet législatif de Pâques ». Un véritable « accélérateur pour les énergies renouvelables » selon Robert Habeck.

Dans les faits, les mesures en question sont susceptibles de doubler la part des énergies vertes dans la consommation brute d’électricité. Ambitieux ! Ces mêmes énergies vertes devraient surtout en constituer 80% d’ici 2030 et 100% en 2035… Ambitieux X2 ! Probablement trop pour le parti libéral (FDP) qui considère l’objectif affiché pour 2035 comme « impossible à atteindre en Allemagne », selon la voix de Lukas Köhler, vice-président du groupe parlementaire des libéraux de son Etat.
Il faut dire que seulement deux gigawatts d’éoliennes onshore sont sortis de terre l’an passé… alors même que le plan justifie à lui seul l’installation annuelle de 10 gigawatts à partir de 2025 ! Sans se prononcer sur l’atteinte ou non de l’ambitieux objectif affiché, la tendance semble pour le moins claire… Notons que les besoins en investissements ne s’arrêtent évidemment pas là puisque le paquet législatif en question prévoit par ailleurs 19 nouveaux projets d’extension du réseau et la modification de 17 autres (nécessaire à l’acheminement de cette électricité verte). Enfin, le calendrier restera riche en annonces potentielles puisque l’on prête à la coalition la volonté d’enrichir ce paquet d’un deuxième volet d’ici cet été pour consacrer 2% du territoire au parc éolien (actuellement 0,5%…). A suivre !

 

2/ Pendant ce temps, en Italie…
… la question énergétique reste également au centre des préoccupations ! Selon le secrétaire du Parti Démocrate, il est même nécessaire « d’affronter le thème des économies d’énergies ». En raison de la crise énergétique et plus globalement des tensions inflationnistes, l’exécutif vient de revoir à la baisse ses prévisions de croissance de l’année, de 4,7% à 3,1%. De là à mettre en place une politique d’austérité inspirée des années 1970 et des conséquences des chocs pétroliers ? Le patronat local semble en tout cas craindre une troisième récession en l’espace de 10 ans, et les premières voix s’élèvent déjà pour une augmentation des déficits pour soutenir les agents économiques, ménages comme entreprises, du pays. Un pavé dans la marre de la BCE ? L’écart entre le 10 ans italien et son homologue allemand est désormais au plus haut depuis 2 ans, limitant la marge de manœuvre budgétaire de l’Italie mais également des autres pays périphériques. Il paraît compliqué dans un tel contexte de voir la Banque centrale de l’Euroland durcir autant qu’aux Etats-Unis sa politique monétaire (cf. ci-dessous). La partition semble compliquée à jouer pour les responsables européens coincés entre le marteau (tensions inflationnistes) et l’enclume (perspectives de croissance qui se tassent). La réunion de la BCE prévue la semaine prochaine s’annonce très attendue par les investisseurs. L’institution dispose-t-elle d’une visibilité suffisante sur la guerre en Ukraine et ses conséquences pour opérer un virage restrictif ? Les émissions de dettes étatiques s’annoncent importantes ces prochains mois pour financer l’ensemble des mesures actuelles ou futures pour encaisser le choc inflationniste…

 

3/ La Fed frappe un grand coup
Comme évoqué ci-dessus, la marge de manœuvre dont dispose la Réserve Fédérale américaine n’est pas la même que celle de sa contrepartie européenne ! La publication des minutes de la Fed hier a été l’occasion pour les banquiers centraux d’accélérer le processus de réduction de leur bilan et de poursuite de remontée des taux d’intérêts. Alors que le bilan de la Fed avait plus que doublé depuis la crise du Covid-19 (passant de 4 000 milliards à 8 500 milliards de dollars), l’institution vise ainsi une réduction de son bilan de 1 100 milliards de dollars par an. En ligne de mire, la lutte contre l’inflation (aggravée par le conflit ukrainien) dans un contexte où la dynamique de l’emploi, indicateur décisif lors de la prise de décision, continue de s’améliorer comme l’a montré la dernière publication des « Non Farm Payrolls ».

 

Sources : WiseAM, Le Figaro, Euractiv, Les Echos, Deutsche Welle (DW), Zone Bourse, Boursorama, Capital, Yahoo
Crédits images : Gettyimages
Achevé de rédiger le 07/04/2022